La Médecine Générale n’était pas mon premier choix, 3 ans après, je ne regrette pas !

Laurene D. et Benjamin A. étaient tous deux externes à Lyon et se destinaient à la gynécologie-obstétrique pour l’une et la chirurgie orthopédique pour l’autre. Ils sont aujourd’hui respectivement internes en Médecine Générale à Bordeaux et Dijon. Ils étaient tous les deux intéressés par une autre spécialité que la Médecine Générale pendant leur externat et ont pourtant choisi cette voie. Ils nous racontent.


Laurene D

Benjamin A
Quelle spécialité t’intéressait à la base ? Pourquoi ?

Laurene : J’ai été intéressée par la gynécologie-obstétrique depuis la deuxième partie de ma P1 à Lyon. La Médecine Générale a toujours été mon deuxième choix.
Benjamin : Je voulais faire chirurgien orthopédiste à la base et me spécialiser dans le membre supérieur. J’ai toujours aimé la technique et le côté “bricolage” de la chirurgie, le fait d’apporter une solution à un problème donné. En plus de ça, j’apprécie la puissance hospitalière et le fonctionnement des gardes. En deuxième choix, j’avais Médecine Générale et Urgences à égalité.
Dans quel état d’esprit étais-tu en début d’internat de Médecine Générale ?

Laurene : Forcément, j’étais déçue de ne pas avoir fait mieux, mais je savais que la Médecine Générale signifiait la possibilité d’avoir une pratique variée. Je souhaitais rester proche de ma famille et de mon copain, je ne voulais pas sacrifier ma vie perso pour la médecine et je n’ai pas eu le classement pour avoir mon premier choix. Cependant, je n’avais pas peur pour la suite, Médecine Générale était un vrai deuxième choix.
Benjamin : J’ai fait le deuil de l’internat de chirurgie au moment des ECN blancs. Du coup, ma fin d’externat a été plutôt sereine, sans la pression du travail car je savais que je voulais des villes du grand est et que l’internat de Médecine Générale y serait accessible à ces rangs de classement.
Par quel stage as-tu commencé ton internat et pourquoi ?

Laurene : J’ai commencé par le stage d’Urgences à Pau, histoire d’être débarrassée. J’étais déjà passée en stage de Médecine Générale en D4, avec 3 praticiens différents en zone urbaine et semi-rurale. L’un d’eux faisait un peu de suivi gynécologique, ce qui m’avait confortée dans mon choix et j’avais apprécié le confort d’avoir son propre cabinet avec ses affaires. Je me projetais dans ce mode de pratique et je n’avais donc pas besoin de me rassurer en commençant par le stage praticien de niveau 1.

Benjamin : J’ai commencé par le stage d’Urgences à Montceau-les-Mines mais je n’ai pas spécialement eu le choix ! ça m’allait bien de démarrer comme ça, je n’avais pas particulièrement envie de commencer par le stage chez le praticien, j’aurais juste idéalement choisi un terrain de stage plus accessible depuis Lyon.
T’es-tu posé la question d’un éventuel droit au remord ?

Laurene : Non, à la réflexion, j’aurais probablement plutôt fait un droit au remord vers la Médecine Générale après l’internat de gynéco-obstétrique. En termes de santé mentale, c’est une spécialité avec beaucoup de gardes, un grand temps de présence sur l’hôpital, même si elle a l’avantage d’être à un confluent de la sociologie, la pédiatrie, l’éthique…
Benjamin : Non, j’accédais uniquement aux urgences. Je n’avais pas envie de m’enfermer dans cette spécialité, je trouvais que je gardais plus de portes ouvertes avec la Médecine Générale. J’ai aussi été rassuré quant à la possibilité d’adapter l’exercice à ses envies (relation médecin-patient, gestes, petites urgences…).

As-tu choisi de faire une FST ou un DU / DIU pour diversifier ton parcours ?

Laurene : J’avais effectivement prévu de base de faire le DU de gynécologie que j’ai pu mener en parallèle de mon stage de gynécologie à l’hôpital. Je suis mitigée sur son utilité : j’avais déjà de bonnes notions car j’adorais cette matière pendant mon externat et je voyais déjà le côté pratique en stage. Cela m’a toutefois permis de conforter des “réflexes” et m’apporte le “tampon” qui rassure certaines patientes.
Benjamin : Non, je n’ai jamais vu l’intérêt d’un DU ou d’une FST, je trouve que nos études nous permettent déjà de nous former suffisamment entre l’externat et l’internat. Je ferai peut-être de l’échographie à titre d’orientation diagnostique mais cela ne nécessite pas de DU particulier.
Comment vois-tu la suite ?

Laurene : Je pense commencer par une activité de remplacement puis je verrai selon l’activité pour faire un DU d’échographie peut-être. Je me vois bien travailler en PMI (Protection Maternelle et Infantile) ou en planning familial, peut-être avoir une activité mixte. Je trouve que l’accès à un gynécologue est plus fracturant et compliqué en ambulatoire qu’en hospitalier.
Benjamin : Je vais commencer avec un poste au DMG (Département de Médecine Générale), ce qui signifie déjà un engagement de deux journées par semaine pendant deux ans, puis peut-être MCU (Maître de Conférence des Universités). L’exercice en MSP (Maison de Santé Pluriprofessionnelle) me plaît bien, en temps partiel afin de maintenir une activité avec des gardes à l’hôpital.
Y a-t-il quelque chose que tu aurais aimé qu’on te dise à ton début d’internat / en fin d’externat qui t’aurait rassuré ?

Laurene : Pas spécialement, je savais déjà à l’époque que ce que je voulais faire était possible, j’ai réussi à bâtir mon projet professionnel et à trouver les réponses à mes questions au cours de l’externat puis l’internat. J’aurais aimé toutefois avoir des retours de praticiens libéraux confirmant la pratique d’un exercice tel que je l’imaginais.
Benjamin : Non, je ne pense pas… Je crois qu’il faut garder à l’esprit que l’on reste maître de son destin et responsable (au moins en partie) de son terrain de stage et de ce qu’on en fait, en posant les limites de ce que l’on souhaite ou non, en posant ses questions et en n’hésitant pas à demander ce qui nous manque. Je me suis forgé au travers de mes différentes expériences.